Mes jambes deviennent lourdes, mes mollets en particulier me
semblent durs et sans énergie, ma foulée perd de sa vigueur un peu plus à
chaque pas. Je tente de rester positif et je me dis que cela va passer. Il faut
surtout ne pas se laisser envahir par des images négatives. Soudain, je crois
percevoir un bruit sourd et lointain, celui d’un troupeau de gazelles qui
seraient à ma poursuite...Immédiatement et naturellement la pensée qu’il s’agit du
groupe de coureurs emmené par le lapin de 3h05, doublé il y a une dizaine de
minute, me vient à l’esprit. Je repousse cette pensée aussitôt tout en étant
incapable de donner une explication réaliste à ce phénomène sonore terrifiant.
Une autruche poursuivit par des gazelles…
Quelques secondes plus tard, je distingue une voix lointaine qui s’adresse
au fameux troupeau. Immédiatement je visualise le meneur d’allure qui s’adresse
à son groupe, je ne comprends pas ce qu’il dit mais il s’adresse à eux d’une
voix à la fois calme, indiquant qu’il est en parfaite maîtrise de la situation mais
motivante ce qui contraste avec l’état d’esprit dans lequel je me trouve. J’essaye
à nouveau de repousser cette image du groupe qui est derrière moi mais je n’ai
toujours pas d’explication plausible autre qu’un éleveur qui conduirait son
troupeau de gazelles sur le parcours marathon de Californie !! Cette fois
je sais que je suis en train de me mentir…Les bruits de pas se rapprochent. Comme
un bataillon de soldats avec armes et lourds sacs de combats qui charge
sur l’ennemi...Je sens le souffle des premiers coureurs qui chatouillent ma nuque, j’entends
maintenant parfaitement le meneur d’allure, je me fais absorber doucement,
tranquillement mais inexorablement...
Si j'exclue l'oubli de mon téléphone cellulaire dans le premier avion qui nous a laissé à Chicago en attendant de poursuivre pour Austin (le pauvre va finir ses vieux jours au Texas!!), tout avait pourtant très bien commencé. Je serai bref ici. Vol ok, location de la voiture avec Xav et arrivée sans encombre à notre maison louée pour 3 jours à Sacramento. Nous trouvons une giga épicerie bio et on se fait un bon souper avec mes paniers en bambou pour cuire le tout à la vapeur. Xav apprécie la facilité de préparation, de cuisson et le gout! Samedi am, expo ou j'achète encore une paire de Newton (spéciale trail). Samedi pm, Xav part visiter le vieux Sacramento pendant que je rilaxe à la maison. Je fais une toute petite nuit la veille de la course comme à chaque fois. Les 3 dernières nuits furent d'ailleurs très courtes mais je garde confiance que cela ne devrait pas affecter ma course.
Dimanche matin, tout est en place pour réussir, je me rends à pied au point de rendez-vous, il est froid (-3 degrés), les rues sont bien sur calmes, cela me prend 10min avant d'apercevoir les premiers coureurs qui se rendent aussi à l'hotel. Il est 4h30 du matin. Les bus partent à 5h. Une fois dans l'hôtel, je découvre une faune de coureurs vêtus des leurs habits techniques, leurs souliers de course de couleur vifs, écouteurs plus ou moins deniers cris et dossards indiquant leur appartenance à ce qui pourrait s'apparenter pour plusieurs à une secte aux agissements secrets et malsain.
30min plus tard, les bus arrivent sur place, comme plusieurs je reste au chaud qq minutes pour sortir que 30min avant le départ. Petit arrêt aux toilettes, remise de mon sac d'après course et échauffement. Le départ est donné, tout se passe à merveille, je suis le plan de match sans encombre ni douleur. Fait inédit tout de même, après 2km, une coureuse remonte le trajet en sens inverse en plein milieu de la foule!!! J'hésites entre stupidité, inconscience ou maladie mentale sévère. Toujours est-il que je l'évite. L'ambiance est sympathique, le parcours aussi. Je respecte mes prises de gel, de boisson et de barres. tout baigne! J'arrive au demi en 1h33 ce qui est excellent. Au km 25, je dépasse lentement le groupe du lapin de 3h05, tout va toujours bien même si je me sens bien sûr un peu moins frais qu'au départ! Mais au km 30, les choses se compliquent comme vous avez pu le lire au tout début.
Je m'accroche pendant 1 ou 2 minutes à ce groupe en nourrissant l'espoir que je pourrai rester en contact avec eux et terminer en 3h05. Ça serait formidable! Mais c'est l'heure du gel. Je sens mes jambes tellement lourdes que j'ai du mal à me baisser même légèrement pour le récupérer sous mon short. Je marche donc pour prendre le temps de l'attraper. C'est là que je réalise que cela ne va plus du tout. Même la marche est ardue et je ne me vois pas repartir à leur poursuite. Cette marche pour prendre ce gel n'était tout simplement qu'un prétexte pour me reposer!
Je repars mais cela ne va pas mieux, mes jambes sont toujours lourdes. Et là je suis frappé de plein fouet par cette idée qui me vient en tête : ''IL RESTE 10 KM''!!!!! Je suis parti depuis 2h24. Les idées sont trop floues dans ma tête pour calculer quoi que ce soit mais ça sent pas bon...Après quelques minutes de jog, c'est le groupe de 3h10 et ses coureurs qui me dépassent. Je suis dans un état encore mon bon physiquement et moralement. Je marche de nouveau. D'autres coureurs me dépassent. Je ne sais pas comment je vais finir ce marathon. Puis c'est au tour du groupe de 3h15. Il reste 6km, C'est un enfer. Je ne me souviens pas avoir autant été dans l'incapacité de finir mes Ironman. Je me pose sérieusement la question d'abandonner...Les 5 derniers km sont sans saveur, juste de la souffrance de passer au combien à côté de tous mes objectifs. Je ne parviens même pas à battre mon meilleur temps au marathon qui déjà me semblait lent.
Après ce qui me paraît être une éternité, j'arrive au dernier virage, ça fait un moment que j'alterne marche et trot à 6min/km. Xav est content de me voir mais je lis bien la déception sur son visage. Je passe la ligne avec un soulagement que cette course soit finie. 3h26, c'est honorable en soit mais tellement loin de mes attentes.
Avec le recul, vous savez quoi? Et bien je suis content! Oui car en juin dernier, on m'annonçait que j'avais une maladie arthritique. Je me voyais dans l'incapacité de m'adonner à ma passion et de vivre condamné à prendre des médicaments forts pour éviter de finir handicapé. Et aujourd'hui je suis passé à travers une préparation fantastique de marathon, j'ai fais un beau voyage en Californie et j'ai finis un marathon sans aucune douleur d'arthrite. C'est l'histoire du verre d'eau qu'on voit à moitié vite ou à moitié plein. Dans la vie on a toujours le choix sur la façon de voir les choses.
Après discussions avec Luc, les causes de cet échec (d'un point de vue performance):
- J'ai clairement manqué de force au niveau de mes jambes. Ma nutrition a été parfaite, je n'avais pas faim en arrivant. Les gels et boissons énergiques ne m'ont pas donné plus d'énergie. Mon inactivité de 8 mois m'a fait perdre certainement de la masse musculaire au niveau des jambes. Les paces étaient trop ambitieux. Je suis parti trop vite compte-tenu de mes capacités. Avoir pris des souliers ultra léger 4 semaines avant la course n'a peut être pas été une idée de génie de ma part. Luc pense aussi que ma technique sollicite trop mes mollets (je pousse trop vers le haut au lieu de vers l'avant dans ma foulée).
Et maintenant, place aux vacances!!
SACRAMENTO
MUIR WOODS
Pique-nique dans le char car y faisait frette! Mais il y avait une belle vue!
PS: ça me prend toujours un ''spot'' pour pique-niquer...
STINSON BEACH
MUIR BEACH
GOLDEN GATE BRIDGE
MARIN HEADLANDS
SAN FRANSISCO
(Le fameux ''Cable Car'')
(Alcatraz)
(Le Golden Gate Parc)
NBA Warriors-Mavericks. Quel fin de match!
Et quand Jean-Luc boit trop de vin...
Que des bons souvenirs :-) !
RépondreSupprimerExcellent article, on va defoncer le prochain 5km, demi et marathon mon ami!!! on va finalement pouvoir courrir ensemble :-D